Si l’on vous dit femmes artistes, vous pensez Niki de Saint Phalle, Yayoi Kusama ou encore Orlan, mais il n’y a pas qu’elles. Sous représentées pendant des siècles, on observe depuis quelques années une augmentation des ventes féminines et la mise en place de plusieurs mesures par les musées et les foires.
Un monde de l’art assez inégalitaire
Selon Artprice, sur les 100 artistes les plus recherchés, seulement 12 sont des femmes. Alors n’y a t’il pas assez de femmes artistes ? La réponse est non puisqu’elles sont 80% dans les classes aux Beaux Arts de Paris. Si une poignée arrive à percer malgré ces difficultés, beaucoup restent méconnues du (grand) public. Le monde de l’art est assez inégalitaire en terme de visibilité, de rémunération des oeuvres ou encore de reconnaissance du travail.
Une tendance qui commence à s’inverser
Depuis plusieurs décennies certain.e.s cherchent à inverser la tendance. C’est le cas de Camille Morineau, conservatrice, qui a organisé l’exposition "Elles" au Centre Pompidou au cours de laquelle plus de 150 femmes artistes ont été exposées. Pour la première fois en France des femmes artistes ont pu bénéficier d’une exposition de très grande ampleur. A la suite de cette exposition, un constat : la production féminine est très abondante mais quasiment invisible. Il y a un vrai travail à faire en terme de représentation de ces artistes et d'accessibilité à leur travail. Afin de recenser et de laisser une trace du travail de ces femmes, Morineau fonde AWARE (Archives of women artistes, research and exhibition). Cette base de données permet ainsi à des centaines de femmes artistes d’être représentées sur le marché de l’art et de pouvoir acquérir une notoriété. C’est un vrai pas en avant vers la reconnaissance.
Conséquence sur les prix des oeuvres
La réputation est un enjeu de taille pour la valorisation des oeuvres. Même les plus grandes artistes ont bien du mal à passer le cap des 100 millions de dollars. Par exemple, le travail de Louise Bourgeois peut monter jusqu'à 32 millions, bien loin des 86,9 millions de dollars d’un Rothko. Et cela reste une exception puisque seulement 20% des femmes vivent de leur art. Si le plafond de verre n’est pas encore brisé du côté des artistes, il commence à l’être du côté des institutions. De plus en plus de femmes accèdent à des postes de direction. C’est le cas de Chiara Parisi au Centre Pompidou-Metz ou au Musée d’Orsay avec Laurence des Cars.
Féminisation des oeuvres achetées
Les collectionneurs, conscients du grand potentiel des artistes féminines, achètent de plus en plus d’oeuvres. Et cela reste d’autant plus intéressant que la cote progresse plus rapidement que celle de leurs homologues masculins. En marge des artistes connus, ces oeuvres féminines réussissent aussi à toucher un nouveau public moins académique. Ce mouvement de féminisation, visible depuis 2010, a pris de l’ampleur avec le mouvement #metoo. Il y a au coeur des débats une volonté de rendre aux femmes la place qu’elles méritent.
Les institutions culturelles ont déjà commencé à investir. Les FRAC ont impulsé cette volonté d’harmonisation des collections puisqu’entre 2012-2017, les acquisitions féminines ont augmenté de 21 points.
Le mouvement se développe à travers le monde, le musée d’art Moderne de Baltimore a annoncé qu’il n'achètera que des oeuvres de femmes en 2020. Les salons prennent aussi le train en marche comme Paris Photo et Art Paris qui ont proposé cette année des parcours féminins.
Ainsi un air de nouveauté artistique souffle sur le monde de l’art. Les femmes artistes sont bien décidées à gagner en visibilité et en réputation. Il reste beaucoup à faire pour changer les habitudes d’un monde de l’art assez masculin mais la prise de conscience est là.