La digitalisation massive du marché de l'art est indéniable, elle s'étend également à Instagram, le réseau social n°1 de partage d'images. On recense aujourd'hui 60% des galeries d'art françaises sur cette plateforme, aux côtés de nombreux musées, institutions, artistes et curateurs influents.
Une nouvelle vitrine pour l'art contemporain
À ses débuts en 2010, le réseaux social Instagram était, à l'instar de nombreux réseaux, exclusivement utilisé à des fins personnelles. Les profils étaient ceux de personnes physiques partageant leur quotidien par le biais de photographies et courtes vidéos. Avec ses 300 millions d'utilisateurs dans le monde, ce réseau s'est progressivement ouvert aux professionnels, en particulier dans le domaine des industries culturelles et créatives.
L'utilisation d'Instagram par les acteurs du marché de l'art est croissante. En effet, selon le rapport Hiscox 2016 sur le marché de l'art en ligne, le nombre d'utilisateurs du réseau pour des thématiques liées à l'art a augmenté de 16% entre 2015 et 2016, une progression supérieure à celle d'autres réseaux tels que Facebook et Twitter. La grande majorité des galeries communiquent sur les réseaux sociaux et on constate en parallèle l'accroissement de l'intérêt des collectionneurs et amateurs d'art.
Sur ces réseaux, on nomme dorénavant les acteurs du marché "influenceurs" : les musées sont les plus importants, suivis des galeries puis des artistes. En révélant les coulisses d'un marché souvent qualifié d'opaque, ces influenceurs participent à sa démocratisation et à sa transparence. Les critiques d'art et commissaires d'exposition ont une forte influence sur les tendances et cela se ressent également sur la toile. Le réseau du monde de l'art se tisse autant que sur le marché traditionnel, les galeries suivent d'autres galeries et musées, les collectionneurs suivent leurs galeries de prédilection.
De nouvelles opportunités pour les galeries d'art
Les galeries d'art contemporain s'adaptent aux mutations du marché et aux pratiques de leurs collectionneurs. En effet, certains d'entre eux achètent des œuvres d'artistes qu'ils ont découvert sur Instagram à travers le #hasthtag de cet artiste ou grâce à la page de la galerie qui le représente, les autres y voient un excellent moyen de suivre les tendances artistiques. C'est un réseau simple d'utilisation qui passe quasi exclusivement par l'image et l'esthétique.
Instagram a l'avantage d'être un outil ludique. En effet, il permet aux utilisateurs de faire une pause tout en proposant une vue générale et éducative de ce que partagent les influenceurs. C'est un réseau sur lequel les utilisateurs vont jusqu'à 5 fois par jour en moyenne car il est accessible et actif à tout moment. Sur Instagram, on est au contact d'images de qualité à l'impact visuel certain. Cela révèle l'importance des images dans les pratiques de loisirs et dans la société de consommation actuelle.
Instagram rend également le marché de l'art plus transparent. Il permet l’accès à un plus grand nombre d’œuvres d'art, aux backstage des galeries et des événements artistiques, au processus de création dans les ateliers... Quant aux acteurs du marché, ils sont devenus accessibles et reconnaissables depuis qu'ils ont investi les pages de ce réseau social. On constate en effet que les collectionneurs cherchent un contact humain et préfèrent suivre le compte d'un membre de l'équipe ou même du propriétaire de la galerie plutôt qu'un compte impersonnel.
A l'ère d'Instagram, qui est celle de la profusion d'images et de liens, les galeries se doivent de suivre cette tendance. Les galeries françaises se digitalisent progressivement mais elle ne sont pas encore au même stade que les championnes dans ce domaine : les américaines.
Kenza Zidi