Après un an d’inquiétude mondiale, le marché a repris en grande pompe. Nous pouvons déjà constater les conséquences de la crise sanitaire, et elles ne sont pas toutes négatives. Prenons la digitalisation, comme exemple le plus évident. Pendant les longs mois durant lesquels galeries et maisons de ventes du monde entier ont dû fermer leurs portes, le processus s’est vu propulsé à la vitesse supérieure. Il permet désormais des stratégies hybrides particulièrement intéressantes pour les marchands. Cependant l’autre conséquence importante de la crise est la croissance dramatique du marché de l’art contemporain. En effet, si le marché dans sa globalité retrouve des chiffres comparables à ceux de 2019, l’importance du contemporain spécifiquement a désormais dépassé tout ce que nous avons pu voir jusqu’ici. Aujourd’hui, Artsper vous rapporte en quelques chiffres cette évolution incroyable de l’art contemporain post-covid.
Des chiffres sans précédent
En pleine saison des grandes foires internationales, entre Art Basel, Frieze et la FIAC, Artprice a publié son rapport du marché 2021. Et s’il ne concerne que le premier semestre, les constats sont déjà faramineux. Après un bien triste exercice en 2020, l’art contemporain semble avoir retrouvé ses couleurs et dépasse même désormais toute autre période de création artistique. Le chiffre à retenir ? 177% : c’est l’augmentation du chiffre d’affaires de cette section du marché entre 2020 et 2021 (source : https://fr.artprice.com/artprice-reports/le-marche-de-lart-contemporain-2021). Cela représente 102 000 œuvres vendues aux enchères pour un total de 2,7 milliards de dollars, et ce seulement sur la fin 2020 et la première partie de 2021. Des chiffres sans précédent qui battent les records établis avant la crise sanitaire.
L’évolution des prix de l’art contemporain comparée à celle des prix d’autres périodes de création : une croissance constante, mais un réel emballement à partir de fin 2020 !
L'art contemporain, une étoile filante
L’intérêt des collectionneurs est plus que jamais braqué sur l’art contemporain. En effet, ce dernier occupe désormais presque un quart de la totalité du marché : 23% exactement en 2020 / 2021. Et si l’on compare avec le début du millénaire, on constate une croissance d’autant plus époustouflante. En une vingtaine d’années seulement, les prix ont augmenté de 400% : prenons par exemple la peinture In this Case de Jean Michel Basquiat, vendue pour 93 millions de dollars aux enchères cette année, alors qu’elle valait 1 million en 2002. Pour apporter une comparaison, la valeur des œuvres d’Après-Guerre - pourtant très prisées - connaît une croissance nettement moins importante : moins de la moitié sur la même période. Ce qu’on pourrait presque qualifier de “coup d’État”, Artprice l’attribue à une offre toujours plus dense, des prix plus abordables, mais surtout, une demande grandissante de la part des collectionneurs dans le monde. La digitalisation éliminant les barrières géographiques, et les marchés émergents prenant plus d’importance, les acheteurs sont plus jeunes et de plus en plus nombreux. Ils font gonfler les voiles de l’art contemporain, qui a bel et bien le vent en poupe.
Aux côtés des plus grands noms de l’histoire de l’art, 3 contemporains prennent place dans le top 10 des artistes qui ont généré le plus de produit de ventes aux enchères en 2021
La viralité des NFT
Vient s’ajouter un autre facteur qui contribue de manière significative à l’envolée folle de l’art contemporain post-covid. En premier, l’arrivée des NFT sur le marché. Ces œuvres digitales ne font pas l’unanimité chez les amateurs d’art, mais elles ont déjà conquis le cœur de certains collectionneurs de haut niveau. En effet, 9 œuvres NFT se sont vendues à des prix millionnaires aux enchères cette année, la première de l’histoire à passer en vente étant Everydays : 5000 Days de l’artiste Beeple adjugée vendue en mars chez Christie’s pour 69,3 millions de dollars (source : https://www.christies.com/features/Monumental-collage-by-Beeple-is-first-purely-digital-artwork-NFT-to-come-to-auction-11510-7.aspx).
Un détail de l’œuvre de Beeple, Everydays : 5000 Days devenue historique par son adjudication
Les yeux rivés sur l'orient
Loin d’avoir été épargnés par la crise sanitaire, les marchés asiatiques connaissent eux aussi une reprise exemplaire. Avec 1 milliard d'œuvres contemporaines vendues, la Chine (incluant Taiwan et Hong Kong) a produit 40% du volume d’affaires mondial - plus que les États Unis (32%) et le Royaume Uni (16%). Et en tête de proue ? Hong Kong, qui s’est révélée comme véritable foyer pour la vente d’art contemporain post-covid. Elle arrive en seconde position derrière New York sur ce terrain, avec des records battus pour de nombreux artistes et des ventes exceptionnelles de grandes signatures telles que Richard Prince et Jean-Michel Basquiat (source : toujours Artprice). Sur le même modèle, Séoul et Tokyo commencent eux aussi à importer ces grands noms occidentaux dans leurs ventes contemporaines. Désormais, les artistes qui faisaient vibrer New York et Londres ont également conquis l’Asie, au grand plaisir des acteurs du marché qui sont concernés.
Le top 3 des artistes contemporains au monde en 2020-21, en termes de records d’adjudication. Un podium très parlant regroupant un artiste américain, un artiste de NFT et un artiste chinois
La situation en France
Si la France n’a représenté que 2.2% du volume de ventes mondial cette année, elle connaît elle aussi une évolution prodigieuse de l’art contemporain post-covid (source : toujours Artprice). Après le succès de la foire d’Art Paris en septembre, la 47e édition de la FIAC s’est révélée être un cru d’exception. Cela prouve non seulement l’attachement persistant des collectionneurs aux événements physiques, mais aussi - et surtout - que l’art contemporain est également au cœur des intérêts du marché dans l’Hexagone.
Sous la toile du Grand Palais Éphémère en cette fin octobre, des milliers d’acheteurs abondaient dans un bourdonnement de négociations. Résultat ? De nombreuses ventes millionnaires, tels qu’un Rauschenberg à 2.8 millions de dollars chez Thaddaeus Ropac, mais aussi des sold-outs de plus jeunes artistes tels que Simon Martin à la galerie Jousse et Cheikh Ndiaye à la galerie Cécile Fakhoury (source : QDA https://www.lequotidiendelart.com/articles/20658-paris-retrouve-le-go%C3%BBt-de-la-foire.html).
La Foire Internationale d’Art Contemporain (FIAC) a accueilli près de 50 000 visiteurs pour sa 47e édition (© FIAC)
Ce n'est que le début?
Poussé par les NFT, l’embrasement du marché asiatique et des collectionneurs de plus en plus nombreux et de plus en plus friands, l’art contemporain post-covid est en pleine envolée vers les étoiles. Avec New York, Hong Kong et Londres dominant le marché mondial, l’Europe occidentale n’est pas en reste avec ses propres victoires, illustrée par le succès de foires telles que la FIAC. Boom temporaire ou croissance long-terme ? Avec de nouveaux formats numériques, et des plateformes digitales permettant de décloisonner les frontières, la circulation d’œuvres et d’informations est plus aisée que jamais. Dans le monde comme chez Artsper, l’art contemporain n’a pas fini de nous impressionner.