Marché de l'art et digital forment un tandem innovant en pleine croissance. Parallèlement à la digitalisation du marché, on constate également une immersion des nouvelles technologies dans les pratiques mêmes de certains artistes. Les institutions ouvrent alors leurs portes au numérique et aux techniques inspirées des particularités du monde virtuel permettant à ces artistes de proclamer leur appartenance à un courant à part entière.
L'art numérique prend de l'ampleur
Dans les premières années de l'ère digitale, les œuvres d'art numérique étaient rares et généralement isolées dans des salles noires ou en marge des œuvres dites traditionnelles.
Aujourd'hui, les foires consacrées aux arts numériques se multiplient et ces œuvres tendent à acquérir la légitimité d'un médium à part entière et de plus en plus courant dans les galeries et musées. Le New Museum de New York, la foire Variation - ancienne Show Off Art Fair- ou encore le prix Mercury Theatre sont des exemples d'institutions et événements consacrés à ce courant né après l'apparition d'internet.
L'art numérique est étudié en Histoire de l'Art Contemporain et inspire encore des générations d'artistes nés avec les premiers émois d'internet. Le courant dit Net.Art se distingue par la représentation exclusive des œuvres sur le web et l'utilisation des infinies possibilités des nouvelles technologies. Aujourd'hui, l'exploration des moindres recoins du web a conduit ce courant à s'étendre aux supports traditionnels que sont la toile, le papier ou encore la sculpture, donnant naissance à l'art Post-Internet.
Le Post-Internet Art succède au courant du Net.Art
Les artistes Post-Internet dépassent les frontières de l'écran et du virtuel pour créer des œuvres sous l'influence des réseaux et de l'imaginaire collectif qui en découle.
Cette génération d'artistes ne se limite plus seulement au digital et explore des supports tels que la sculpture ou encore les installations. De plus en plus prisés par les galeries d'art, ces jeunes talents se démarquent par leur grande maîtrise des technologies allant parfois jusqu'à remplacer le pinceau par un algorithme.
Alors que certains reprochaient à l'art contemporain de ne plus se renouveler et aux artistes en vogue de peindre les mêmes toiles abstraites quasi-identiques, l'art Post-Internet donne un nouveau souffle créatif à cette génération en mal de renouveau. Considéré comme l'un des courants les plus novateurs de ces vingts dernières années, il ne serait pas surprenant de le voir rapidement conquérir les plus grandes foires d'art contemporain.
La réalité augmentée s'immisce dans l'art
La technologie de la réalité augmentée rend possible, en temps réel, la superposition d'un modèle virtuel 2D ou 3D à la perception que nous avons naturellement de la réalité.
La réalité augmentée ou "RA" a vite conquit les domaines des jeux vidéos et du divertissement et s'immisce aujourd'hui dans l'art. En effet, on constate depuis peu la prolifération des applications et outils alliant réel et virtuel. La Google Tilt Brush permet à son utilisateur muni du casque de RA de peindre en 3D dans un espace infini. Pour les explorateurs urbains, l'artiste Ivan Toth Depeña propose de parcourir la ville de Miami armé de son smartphone et de l'application Lapse pour découvrir des œuvres d'art virtuelles plus vraies que nature. Le musée d'Orsay s'est également laissé tenter par cette technologie en proposant à ses visiteurs une immersion virtuelle dans l'atelier de Gustave Courbet.
Ces tentatives abouties d'intégration du digital dans les pratiques créatives et artistiques confirment l'omniprésence du web dans notre quotidien. En s'appropriant les capacités de la machine, l'artiste dépasse ses propres limites, permettant la naissance de nouvelles pratiques et courants.
Kenza Zidi