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Témoignage d’une galerie partenaire : Agnez Art Gallery

Rencontre avec Nicolas Samson-Agnez, Directeur-Fondateur : le modèle de la galerie pop-up est-il la nouvelle solution pour faire face aux difficultés du marché de l’art ?

28 septembre 2020

Pourriez-vous présenter brièvement votre galerie ?

Agnez Art Gallery est une galerie d’art contemporain itinérante. Sans murs fixes, elle s’installe partout en France ou ailleurs. Agnez Art organise ses expositions au plus près du public pour favoriser les rencontres avec les artistes et la découverte de leurs œuvres.

Cette démarche itinérante n’est pas synonyme d’un travail avec nos artistes sur le court terme, bien au contraire. Sur notre site et notre galerie en ligne, chacun de nos artistes possède sa propre page et son parcours y est indiqué avec soin. Ainsi, au fil de nos aventures nomades les collectionneurs et amateurs peuvent s’y référer et nous contacter.

Homme de profil, par Isabella Kretzdorn, crédit photo : AgnezArtGallery

Pourquoi avoir choisi ce concept de galerie itinérante ? Et comment vous organisez-vous en pratique ?

Pendant mes études, j’ai découvert pour la première fois des pop-up stores en Angleterre. Comme souvent, nous avons un peu de retard… Et ce n’est que quelques années plus tard que les marques diverses ont pris ce chemin en France, par exemple avec des corners en grand magasin, surtout dans le domaine du prêt-à-porter. J’avais trouvé l’idée très bonne ! Elle permet de mettre en avant une marque naissante ou une nouvelle gamme de produits, de sentir le goût du public et d’analyser ses réactions, tout en réduisant l’investissement et la prise de risque.

Ce modèle peut tout à fait correspondre au monde des galeries d’art. C’est ainsi que quelques années après mes expériences en galerie traditionnelle, j’ai souhaité reproduire ce concept d’adresse éphémère.

En pratique c’est assez simple. Il s’agit de repérer des espaces disponibles à la location ou trouver des lieux d’accueil. Ce qui est intéressant avec ce mode de fonctionnement est la diversité des possibilités de lieux, parfois très loin de l’idée du « white cube » (ndlr : une galerie de forme carrée ou rectangulaire, avec des murs blancs).

Quelles conséquences ont eu le confinement et la crise actuelle sur votre activité ? Votre modèle atypique vous a-t-il permis de mieux résister ?

Les conséquences ont finalement été assez faibles pour la galerie. De fait, en raison de notre concept, nous n’avons eu aucune problématique liée à un lieu fermé.

Il est certain que le fonctionnement même de la galerie s’inscrit naturellement dans une adaptabilité face à la crise du coronavirus.

Au-delà du caractère nomade de la galerie et bien avant que l’imposition du confinement ne survienne, j’avais déjà fortement réduit la programmation d’expositions, souhaitant accorder plus de temps à l’écriture et au coaching d’artiste.

Le confinement m’a donc donné un temps précieux pour avancer sur ces projets.
J’ai travaillé comme rédacteur spécialisé et, plus concrètement, sur la mise en place d’un programme de formation, mêlant des échanges individuels en présentiel et des cours et contenus à distance. J’avais eu cette expérience appréciée avec La Condamine et j’ai récemment eu des échanges très intéressants avec Le Garage et son équipe, portés sur l’expertise digitale. Ainsi, nous pourrions étendre le contenu des formations à des thématiques comme le marketing digital ou la présence en ligne. Accompagner les artistes en cette période incertaine fait encore plus sens !

Autre important projet rédactionnel, celui de la rédaction d’un essai en cours sur le marché de l’art et ses perspectives, au travers de mon expérience de galeriste et de mes multiples rencontres.

Quelles mesures avez-vous prises pour répondre aux difficultés rencontrées ?

Comme pour la plupart des acteurs, je me suis imposé une intense présence en ligne et sur les réseaux sociaux, faute de ne pouvoir organiser des rencontres directes avec nos collectionneurs.

Ainsi, j’ai contacté la plupart des artistes avec qui je travaille le plus régulièrement afin de faire une sélection d’œuvres à mettre en ligne, à la fois sur le site de la galerie et sur nos sites partenaires. Par conséquent, nous avons vendu quelques œuvres en ligne et notamment avec Artsper !

Exposition « On n'y voit rien » avec Claire Artemyz, crédit photo : AgnezArtGallery

Que diriez-vous à un galeriste qui n’ose pas se lancer vers ce concept de galerie nomade ?

La galerie nomade prend tout son sens au 21ème siècle, en offrant la fluidité et l’agilité nécessaires aujourd’hui. Nous le constatons d’autant plus lorsque un événement imprévisible survient, comme la crise sanitaire actuelle. Et même en restant très positif, cette crise est loin d’être terminée...

J’encourage donc tout nouveau galeriste passionné à se lancer dans cette aventure d’une galerie sans adresse ! Cette démarche participe aussi à la naissance d’une nouvelle génération de galeristes, qui ne misent pas uniquement sur un quartier, sur un type de population, ou sur un lieu stéréotypé nommé « galerie ».

Ensuite, il s’agit de bien prendre en compte les difficultés liées à ce mode de fonctionnement, notamment celles de la communication. Il est plus délicat de guider vers soi des collectionneurs ou des curieux sans adresse fixe. Même si le marché de l’art est en pleine évolution, nous n’en sommes pas encore à un bouleversement total. En effet, beaucoup de collectionneurs ne souhaitent toujours pas se contenter d’un achat sur une galerie en ligne, même parmi les plus jeunes. D’où l’importance des intermédiaires et des conseils que les galeristes peuvent donner lors de l’achat d’une œuvre.

Double-page dans le journal Libération sur le « Life Drawing Marathon » organisé en 2016 par Agnez Art Gallery en partenariat avec Life Drawing Montmartre

Pouvez-vous nous partager un temps fort qui a profondément marqué l’histoire de votre galerie ?

Finalement, le temps fort d’une jeune galerie demeure sans aucun doute son lancement. C’est le moment où vous concrétisez votre souhait ultime, celui de montrer, révéler et partager le travail d’artistes sélectionnés au fil de voyages et visites d’atelier. L’exposition inaugurale de l’Agnez Art Gallery intitulée « Dualité des sexes » a eu lieu en mai 2015 à Saint-Germain-des-Prés.

Un autre grand moment fut sans doute le « Life Drawing Marathon », organisé en mai 2016 au sein du mythique quartier de Montmartre. Celui-ci a rencontré un vif succès et a suscité des articles dans la presse, comme une double-page dans Libération interrogeant l’activité et la profession de modèle.

En conclusion, je dirai « Restez curieux au-delà du marché », voici ma démarche !